mardi 18 décembre 2007

Nankin: rapport d'Ito

Voir les images de la Conférence

Préambule

En Mai 2002, j'ai commencé à étudier le Tai Chi sous la direction de Maître Ma Chang-xun. J'ai depuis eu le privilège de participer à cinq stages pour instructeurs dirigés par Maître Cha et organisés par l'association Japonaise de Tai Chi. En été 2005 j'ai commencé à donner des stages de Tai Chi à travers l'Amérique du Nord et l'Europe, et des groupes affiliés de Tai Chi ont commencé à proposer des cours réguliers en Californie, Washington, Québec et en France.

J'ai récemment réalisé que le symbole du Yin et du Yang utilisé par le Tai Chi symbolisait aussi mon parcours dans l'existence, et ce de la manière suivante:

Yin-Yang: le côté "Yang"

Aprés mon arrivée du Japon aux États-Unis en 1975, j'ai consacré 32 années de ma vie à propager le Shintaïdo en tant qu'art martial pour la paix et l'amour permettant de développer les capacités latentes en chaque individu. Au nombre de mes "arguments de vente" comptait ma propre expérience d'avoir grandi à Hiroshima immédiatement après la défaite Japonaise lors de la deuxième Guerre Mondiale, et d'avoir survécu à la pauvreté, la souffrance et la destruction physique et sociale des années après-guerre.

Yang devient Yin

(Cette étape est décrite dans mon précédent message "En partant pour Nanjing")

Yin-Yang: le côté "Yin"

Avant le voyage pour la conférence de Nanjing, j'avais effectué des investigations plus poussées sur les atrocités commises en Chine par les forces armées du Japon Impérial pendant la deuxième Guerre Mondiale, et sur les souffrances endurées par les Chinois (tant par les survivants que par leurs descendants). Je pensais en avoir acquis une assez bonne compréhension et, sachant ce que les Japonais avaient accompli par le passé, je m'attendais à ce que les participants Japonais à la Conférence de Nanjing reçoivent un accueil plutôt froid (alors qu'en fait nous fûmes reçus chaleureusement par les participants Chinois).

Pendant la conférence, j'ai entendu les histoires des survivants Chinois et j'ai vu les fruits des recherches des lettrés Chinois, et j'ai réalisé à quel point ma propre compréhension était restée superficielle. Les soldats Japonais ont massacré des soldats Chinois qui s'étaient rendus. Après la fin des combats, ils ont tués des civils désarmés, violé et réduit femmes et filles en esclavage, volé de la nourriture, des ustensiles, et des vêtements alors que les autorités militaires ne faisaient rien pour intervenir. J'ai réalisé que c'étaient là de méprisables actes de lâcheté.

Je suis convaincu que beaucoup de Chinois considèrent encore les Japonais d'aujourd'hui comme des lâches, du fait qu'ils nient ce qui s'est passé en Chine. Je pense que cela ne constitue pas une nouvelle couche de honte, mais une couche supplémentaire de lâcheté. Et pendant que j'étais là-bas, j'ai réalisé que ces sentiments étaient au fond partagés par ceux-là même des Chinois qui sont pro-Japonais.

Pendant la conférence j'ai assisté à une présentation du Dr. Kuniko Muramoto, psychologue clinique et professeur de recherche en sciences sociales à l'Université Ritsumeikan à Kyoto, au Japon. Elle suggérait que:
  1. Ceux des troupes Japonaises de retour de la Chine continentale et du sud-est asiatique après la défaite de la deuxième Guerre Mondiale avaient à peine de quoi assurer leur propre survie et le bonheur de leurs proches, aussi se sont-ils lancés dans la reconstruction de leur pays. Eux et leur société ont failli à consacrer la moindre minute ou once d'énergie à se repentir de ce qu'ils avaient fait pendant la guerre.

  2. Les politiciens Japonais et les chefs militaires qui déclenchèrent la deuxième Guerre Mondiale dans le Pacifique, non plus que les industriels qui ont coopéré avec eux, n'ont jamais fait l'objet d'aucun jugement ni enquête. Au contraire, ils furent réinvestis dans leurs fonctions afin de reconstruire le Japon. (Par exemple, les docteurs médicaux attachés à la Division Ishi ont simplement réintégré leurs rôles de personalités phares de la communauté médicale Japonaise, et ne furent jamais tenus pour responsables de leurs actes).
Dr Muramoto suggère que nombre des problèmes de la Société Japonaise actuelle, y compris la déliquescence de l'éthique sexuelle, les dérèglements d'humeur d'une grande partie des garçons Japonais, l'anorexie endémique chez les jeunes femmes, la criminalité des enfants et des adolescents, et la violence domestique peuvent être des résurgences modernes de l'échec du Japon d'assumer, en tant que nation agresseur, sa part de responsabilité pour ce qui s'est produit durant la guerre.

Ma mère fut mariée deux fois. Pendant la conférence, je me suis soudain souvenu qu'elle m'avait dit lorsque j'étais enfant que mon père avait été soldat de métier dans la Marine. Pour le fils puîné d'une famille de fermiers à Hiroshima pendant la Dépression, la carrière militaire est vraisemblablement apparue comme allant de soi. Lors de son mariage avec ma mère, il fut adopté par sa famille afin de perpétuer le nom de la famille, une pratique courante au Japon à l'époque. Lorsqu'il revint de la guerre, j'avais trois ans et mon petit frère n'était qu'un bébé. Il nous a quittés quasiment aussitôt après son retour. Ma mère avait coutume de dire, "j'ai fait tout ce qui était possible pour vous élever, à part le trottoir!". C'était une époque très difficile au Japon, même pour les familles avec deux parents, et elle a beaucoup souffert pour nous. Un verset de l'Ancien Testament parle d'être "formé dans l'iniquité et conçu dans le péché", et je pense vraiment que l'on peut voir les effets des péchés de la machine de guerre du Japon Impérial dans notre société actuelle.

Mon second père était alcoolique et joueur invétéré. Lorsqu'il avait bu il parlait de sa jeunesse comme soldat d'infanterie dans l'Armée Impériale du Japon, transféré de place en place à travers la Chine. Après le collège, au moment où je m'impliquai dans les activités d'un groupe d'artistes martiaux et autres du nom de Rakutenkai, je commençai à lire la Bible pour me maintenir au niveau de certaines des idées qui étaient évoquées dans ce groupe, et ma mère commença à lire la Bible parce que je lui en parlai. Elle finit par développer une profonde foi Chrétienne, ce qui créa une dissension entre elle et mon père, et ils divorcèrent lorsque j'allais sur mes trente ans. Plus tard j'appris qu'il y avait eu beaucoup de violence domestique dans notre famille dont je n'avais rien su à partir du moment où, mon frère et moi ayant obtenu nos diplômes d'école secondaire, nous entrâmes au collège. Après le divorce, mon beau-père vécut solitairement sur sa pension de soldat, et il mourut seul et presque sans un sou à Hiroshima il y a nombre d'annèes.

Le 23 Novembre, au deuxième jour de la conférence, tous les participants Japonais ont visité Yanziji, l'un des sites du massacre, pour un silence commémoratif accompagné d'offrandes de fleurs. Lorsque je regardai en contrebas de la coline où le monument mémorial était érigé, je remarquai une jetée délabrée au bord de la Rivière Yanze. Au pied de la jetée était un endroit plat et ombragé, d'où s'étendait une plage de sable. Je pressentis qu'à cet endroit les soldats Japonais maniaient leurs sabres et tiraient avec leurs mitraillettes. Je marchai jusqu'à la plage, et mon corps fut secoué du son de voix pleurant, comme si la terre elle-même se rappelait: Écoute-nous! Entends-nous! Souviens-toi de nous! Tels des hurlements de l'enfer. J'enlevai mes chaussures et mon manteau, m'agenouillai sur le sol et effectuai une fois "Tenshin Goso" (un mouvement méditatif du Shintaïdo). Ce mouvement se conclut par un salut formel, avec les mains et le front touchant la terre. Lorsque j'arrivai à cette partie du mouvement, mon corps trembla à nouveau, et je réalisai que le geste par lequel j'abaissai mon front reflétait celui de la décapitation. Je restai ainsi un long moment, faisant l'expérience du péché originel d'être Japonais.

Yin devient Yang

Après l'offrande des fleurs, mes esprits semblèrent s'alléger, comme si j'avais vu quelque chose à l'intérieur de moi et m'en étais repenti. Je me sentis léger et plein d'énergie, comme si j'avais véritablement "traversé la vallée de l'ombre de la mort et dès lors n'aurai plus crainte du mal". Ma vie jusqu'à ce point ressemblait à ces piles de galets de rivière que l'on voit au Japon au bord des chemin de montagne - les passants ajoutent une pierre, puis une autre, mais tôt ou tard celles-ci glissent l'une sur l'autre et la pile se réduit à nouveau. Mais lorsque je regarde devant moi, je suis confiant que le bien que je fais à partir de maintenant fera une différence positive.

Épilogue

Le dernier jour de la conférence, plutôt que de participer aux activités matinales je retournai à Yanziji en compagnie de Mayumi Oda (une artiste Japonaise habitant à Hawaii) et de Masashi Minagawa pour une nouvelle offrande de fleurs. Cette fois nous n'entrâmes pas dans le parc du mémorial mais prîmes un chemin détourné qui nous amena directement à une petite plage sur la baie. Là nous fîmes tous trois seiza (une façon Japonaise de se mettre formellement en méditation à genoux). Méditation, repentir, excuses, prière.

Je me relevai et fis Taimyo en chantant le sutra du Coeur. Faisant face à la côte lointaine, mon coeur s'étirait jusqu'aux âmes de ceux qui furent sacrifiés pendant le massacre et forcés de rester de ce côté de la rivière. Lors du passage de la posture Taimyo de Saizan ("traversant les montagnes") à Yoshin ("nourrissant l'esprit"), je me pris à répéter les mots de Jésus, "et toujours je serai avec vous, même jusqu'à la fin de la terre". La posture Shosei ("éclairant le monde") m'avait toujours fait l'effet d'une pose typiquement chrétienne. Cette fois, cependant, elle me parut donner voix à la déesse Kannon, "Je resterai avec vous, jusqu'à ce que la dernière âme de ceux qui furent forcés de rester en arrière soit guérie et libérée". J'exécutai Eiko Dai en esprit. Celui-ci passa de cette rive à l'autre, encore et encore, en traçant des ponts d'arc-en-ciels.

lundi 10 décembre 2007

Réflexions sur Nankin

Je suis Allemand, né en 1952 - après la deuxième Guerre Mondiale. En tant qu'Allemand j'ai toujours été confronté à l'holocauste et aux atrocités commises par les Allemands pendant la deuxième Guerre Mondiale. J'ai étudié les sciences sociales et la littérature Allemande et travaillé comme enseignant de deuxième cycle pendant 20 ans. Pas une seule année durant je n'ai d'une manière ou d'une autre donné des cours sur l'histoire Allemande et sur les leçons que les générations présentes et futures peuvent - et doivent ! - en retirer.

Je suis aussi prêtre Bouddhiste. Depuis 1996, j'ai pris part à plusieurs Retraites Testimoniales organisées par la « Peacemaker Community » sur le site du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau et depuis 2001 j'organise des retraites de méditation sur le site de Weimar-Buchenwald.

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Il y a quatre semaines j'ai participé à une conférence de 4 jours sur le Massacre de Nanjing organisée à Nanjing par Kazuaki Tanahashi (AWWA - A world without Armies [Un monde sans Armées - NDT]) et le Professeur Dr. Zhang Lianhong (du Centre de Recherches sur le Massacre de Nanjing).

Il n'était pas évident que cette conférence pût avoir lieu :

J'ai utilisé l'expression “Massacre de Nanjing” et continue à le faire car je vois suffisamment de preuves qu'un massacre de plus de 300'000 femmes, hommes et enfants a eu lieu il y a 70 ans à Nanjing et que plus de 80'000 femmes ont été systématiquement violées par des soldats Japonais. (Du point de vue des historiens il est peut-être important de déterminer si c'était 300'000 ou 270'000 ou 310'000 et ils peuvent continuer à en débattre pendant encore des décennies. Pour moi le nombre exact n'est pas si important : c'est la souffrance de chaque personne, chaque famille considérée individuellement qui compte).

Il y a une forte dénégation du Massacre de Nanjing au Japon. - et les négationnistes semblent occuper de puissantes positions : certains des participants Japonais avaient peur d'être attaqués par les négationnistes après leur retour au Japon. - Les gens qui ont critiqué le rôle de l'empereur Japonais pendant l'invasion Japonaise de la Chine ont été assassinés par des nationalistes Japonais.

La conférence ne fut rendue possible que grâce à l'accord d'employer les termes de « Tragédie de Nanjing » au lieu de « Massacre de Nanjing ». Ainsi le titre officiel de la conférence fut-il :

Témoigner du passé, afin de vivre ensemble dans le futur:

Conférence internationale

Pour la mémoire de Nanjing

Au 70ème anniversaire de la Tragédie de Nanjing

La conférence comprenait deux parties : les deux premiers jours furent consacrés aux souvenirs d'ordre personnel, tandis que les deux suivants constituaient un symposium pour les historiens et chercheurs de Chine et du Japon, à raison de trois ou quatre articles débattus par heure. - Le détail historique des événements n'étant pas au centre de mes intérêts, je n'ai participé qu'aux événements des premier et deuxième jours. Je ne veux pas rendre compte de tout ce qui s'est passé durant ces deux jours, mais simplement mentionner certaines choses qui sont importantes pour moi.

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Au début de la conférence deux survivants du massacre, un homme et une femme, racontèrent chacun leur histoire - et l'histoire de leurs familles - à un public d'environ 150 personnes, parmi lesquelles 15-20 Japonais, deux Américains des US et un Allemand.

Il est important pour les survivants de pouvoir faire le récit de leur histoire en public et d'être entendus. C'est une forme de reconnaissance publique de leurs souffrances. Parallèlement - ayant entendu un certain nombre de ces témoignages dans divers camps de concentrations - je me pose les questions suivantes :
  • Combien de fois ces survivants ont-ils déjà raconté leurs histoires?
  • Cela aide-t-il réellement au niveau personnel ou cela fixe-t-il une identité de « victime » ?
  • Les survivants bénéficient-ils d'une aide quelconque pour surmonter leurs traumatismes ou sont-ils, ces survivants traumatisés, utilisés pour alimenter un processus d'assertion de culpabilité ?
Qui prend soin de l'homme qui a raconté comment toute sa famille fut tuée par les soldats Japonais après qu'il a raconté son histoire ?

Qui prend soin de la femme qui a révélé qu'elle fut violée à répétition par des soldats Japonais lorsqu'elle avait 12 ans après qu'elle a raconté son histoire?

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Il est aussi important pour les enfants et petits-enfants des auteurs de ces actes d'entendre ces narrations. Cela fait partie du processus de témoignage. Il y a toujours des choses que nous ne voulons pas voir, des choses que nous ne voulons pas entendre. Si nous nous ouvrons aux souffrances engendrées par nos familles, nos amis, nos nations par le passé - malgré la souffrance que cela suscite en nous à présent - nous intégrons notre histoire commune. Cela nous fait nous sentir plus entiers qu'auparavant.

Les Japonais qui sont venus à Nanjing étaient disposés à voir et entendre. Nous sommes allés tous ensemble à un endroit au bord des rives de la rivière Yangtse, où des centaines de milliers de Chinois furent tués. Cet endroit a été encensé pour sa beauté à travers les siècles. Aujourd'hui, une petite colonne de pierre surmonte la falaise, commémorant la tuerie qui eut lieu à seulement quelques mètres de là. Des marches de pierre montent jusqu'à la colonne que protège un toit construit de manière traditionnelle sur trois piliers. L'un après l'autre nous gravîmes les marches et offrîmes une fleur.

Dans une cérémonie touchante les participants Japonais recouvrirent de lin blanc les marches et le plancher autour de la colonne du mémorial. Ils enlevèrent leurs chaussures, marchèrent à nouveau jusqu'à la colonne, s'inclinèrent jusqu'au sol où ils demeurèrent prostrés pendant plusieurs minutes.

Le jour suivant, certains d'entre eux racontèrent qu'ils avaient eu peur de venir à Nanjing, que cela avait été très difficile pour eux d'être à Nanjing, mais que la cérémonie à la colonne du mémorial avait transformé leurs sentiments. À présent ils se sentaient soulagés et apaisés.

Le processus de guérison par le témoignage et l'intégration des ombres de l'histoire tel que je l'ai vécu à Auschwitz-Birkenau et Weimar-Buchenwald a aussi fonctionné à Nanjing.

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Un après-midi fut consacré aux souffrances des femmes pendant l'invasion Japonaise. Des dizaines de milliers de femmes furent violées à Nanjing et beaucoup d'entre elles tuées de manières pénibles à imaginer.

Après avoir entendu tant de ces histoires de viols et de meurtres non seulement à Nanjing mais aussi en Serbie, au Darfour et à d'autres endroits, il m'est difficile d'attribuer ces viols et ces meurtres à leurs guerres respectives : n'est-il pas plus correct - ou du moins aussi correct - de voir en ces actes l'expression d'une guerre des hommes contre les femmes qui, dans sa forme la plus virulente, se manifeste par le viol et le meurtre ? Si nous acceptons d'envisager cette hypothèse : comment cette guerre se manifeste-t-elle aujourd'hui dans notre vie de tous les jours ? Que pouvons-nous - en particulier nous les hommes ! - faire pour mettre un terme à cette guerre autour de nous ?

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Je remercie Kazuaki Tanahashi pour m'avoir demandé de venir à Nanjing. Ces jours en Chine ont élargi mes vues.

Heinz-Jürgen Metzger


Décembre 2007




mardi 20 novembre 2007

En Partant pour Nankin

Pendant longtemps, en pratiquant la première partie de Taimyo, j'ai entretenu l'image d'un commandant sur le champ de bataille. Mais aujourd'hui, à la veille de mon départ pour Nankin, je fais l'expérience d'une autre métaphore.

Dans les années 1990 Maître Aoki a conçu Taimyo comme une forme de synthèse de ses activités créatrices.
Depuis le début de ce siècle, j'ai parcouru le monde, enseignant Taimyo en tant que militant pour la paix.
Et cet automne quand je pratique la première partie de Taimyo, je me sens l'âme d'un fermier semant les graines de la paix.

Voici les images qui me viennent à ce moment:
  • Kanki: le fermier effectuant sa méditation matinale
  • Reppaku (Oh): le fermier plantant ses graines
  • Reppaku (Ei): le fermier inspectant son champ
  • Saizan: le fermier de retour des champs aprés son labeur
  • Yoshin: le fermier prenant soin de lui-même avant de se coucher
  • Tenshingoso: le fermier exprimant sa gratitude pour la moisson au ciel et à la terre 


Regardant en arrière, je me souviens du temps du Rakutenkai où Maître Aoki nous disait: « Comme Peintre, je veux créer quelquechose dans ma vie, même une seule fois, qui soit du niveau des oeuvres de Jean-François Millet "l'Angelus" ou "les Planteurs"! ». Dans ma jeunesse, j'étais ignorant de tout en matière d'Art Occidental, et je respectais simplement Aoki-senpai en tant qu'excellent pratiquant de Karaté. Mais quand il s'exprimait ainsi, même moi étais impressionné (‘Hé! Ce type est vraiment SÉRIEUX.')

Dans le film "Rêves" d'Akira Kurosawa, il y a une scène où le mari Hiroshi est en train d'apprécier une peinture de Van Gogh, et tout à coup Van Gogh sort du tableau et commence à lui raconter une histoire.

Je suis un vaisseau de la création de Maître Aoki à travers le monde. Mais plus que cela, j'espère pour moi-même et pour vous tous que Taimyo continuera à nous faire grandir vers la vraie humanité et à aider chacun d'entre nous à devenir le ‘vrai moi' et le ‘vrai toi'.

-Fugaku

dimanche 26 août 2007

Message d'Émilien

Le shintaido," voie du corps pour l’esprit", la pratique m’a permis d’etre au plus près des forces de la vie, de la ressentir et de s’apercevoir que l’on en fait partie, cette reconnaissance m’a permis de trouver mon identité. Encore faut-il que mon mental ne vienne pas parasiter cette communions avec les forces !
Mais, je ne veux pas en rester là, un combatant s’engage, il a le choix : esprit ou matière.J’ai fait mon choix. Le combat pour la PAIX se fait d’abord avec MOI
Trouver la paix c’est etre capable de la trouver à travers son corps en souffrance, mais que vais-je en faire de cette paix, de cette énergie si elle s’installe en moi ?
L’égrégor se fait avec mes frères du shintaido ! Par l’inspir, la conscience est prete a nourrir les plans divin.Cette énergie de l’égrégor va se transmuter, le canal s’élargie de plus en plus.
Ma question : comment peut-on arriver a trouver la paix si la position méditative n’est pas mise en évidence +++ dans le shintaido. Par exemple : le vide mental ! L’on parle de méditation, qui sait ce que cela veut dire ?
Ressentez vous cette transmutation de l’énergie vers les plans subtils?
j’essaye d’éveiller les consciences a mon petit niveau!
Émilien M.
Montpellier FRANCE
Merci a la belle énergie d’ITO et de Nicole

jeudi 16 août 2007

Cri du coeur

Note: Belinda French est une Taimyo-ka de Bristol, Angleterre.

Je me suis éveillée ce matin en pleurs pour ces gens du côté de Mosul en Irak qui viennent d’essuyer un bombardement massif - 500 morts aux dernières nouvelles et 400+ blessés. Je pense que les survivants de cette communauté ont besoin d’une prière non moins massive pour les aider à supporter ces pertes défiant notre imagination. Je sais que nous sommes probablement tous lassés d’entendre parler des bombardements en Irak, considérant qu’en moyenne 73 civils Irakiens sont tués quotidiennement par explosifs (au total - bien qu’il n’y ait pas de système de recensement officiel - 750,000 depuis l’invasion par l’occident il y a 4 ans), sans parler de la pauvreté associée à la perte d’emplois et d’infrastructure dans les principales cités.

Malgré cela je vous demande une forte prière pour la paix, luttant quant à moi pour trouver la moindre paix et quiétude face au fait que tout cela a lieu en ce siècle où nous autres jouissons de tous les privilèges d’un apport constant de resources. S’il vous plait enseignez-moi comment je puis développer la paix dans mon coeur à la lumière de cette atrocité dans laquelle notre pays est directement impliqué.

Je pense qu’alors que nous développons le Shintaïdo en Europe nous devons être conscients de l’histoire Européenne et bien sûr, en tant qu’Anglais, de notre histoire de l’Empire. Nous avons un historique de conquêtes du monde, de colonisation et d’imposition de nos valeurs sur d’autres pays. La guerre en Irak fut déclarée comme guerre pour la démocracie et la liberté mais elle se révêle pareille à toutes les précédentes, une guerre pour contrôler les resources du monde, à un prix exorbitant en vies humaines.

Je me sens terriblement triste et impuissante en ce moment auprés de mon compagnon dont le peuple entier a souffert de la malédiction de posséder du pétrole sur ses terres. Maintenant il a en outre à mener une bataille personnelle pour sa propre santé, le 30 Août il aura une opération pour extraire le cancer de sa lèvre. J’ai besoin de vos prières pour aider sa guérison et pour qu’il continue à respirer pendant l’opération comme il y a beaucoup d’inquiétude à ce sujet liées à des expériences antérieures. J’ai besoin d’aide et de soutien moi-même je suis très très terrifiée.

avec amour pour vous tous
Belinda

Août 2007

dimanche 5 août 2007

Message de Montréal

Message de participation à la pratique Taimyo pour l'Océan

Bonjour chers-ères artistes et Guerriers-ères Pacifistes au service de la Lumière et de l’Amour sur Terre...par la Voie du Shintaïdo et par tant d’autres Voies aussi sans doute !
Je me suis jointe ce matin à ce Taïmyo collectif, en focussant sur l’Océan
même si je me trouve actuellement sur l’île de Montréal ; de chez moi ce matin, la paix règne aux alentours de mon quartier et dans mon Coeur... tout mon Être respire lentement, profondément et il me semble que c’est tout l’Univers qui se gonfle, et toute la Vie sur Terre...à l’intérieur aussi !...
Un bon vent baigné de soleil s’infiltre dans le feuillage des très grands et beaux arbres qui m’entourrent abondamment, berçant mon Âme et tout mon Être méditatif, du sonore que font les feuillages par ce vent qui semble davantage respirer que souffler !...une ambiance sonore et sonique qui se rapproche beaucoup d’ailleurs de celle produite grâce aux vagues qui déferlent à l’infini... et puis s’étendent sur la plage, absorbées par le sable et les galets scintillants comme les étoiles...
Ma foi, c’est comme si j’y étais ! avec vous devant cet Océan !
Quoiqu’à en juger par la magnifique photo d’Ito sous l’Eau cristalline, quel beau Kongo-i il fait dans ce Ciel aquatique et parmis les coraux !! en voilà un qui ne fait rien à moitié !! Pour du vécu, c’est du Vécu !
Pour un peu en voyant cette image, je croyais admirer un Joyau du Génie-de-la-Vie à l’Oeuvre ! tout Amour et Gratitude qu’il me semble exprimer et dégager dans la Lumière de toute cette Eau primordiale...
Inspirant, vraiment !
Merci à tous et toutes d’être LÀ !

Violaine Beaudoin

Taimyo pour l'Océan



Chers Pratiquants du Taimyo :
Pour ce premier week-end d’Août j’aimerais vous proposer de concentrer notre attention sur l’« Océan » et, à la lumière des informations fournies par cet article, de réfléchir sur la manière dont nous devons modifier notre comportement.
Je conduirai un atelier de méditation à Whidbey Island (à côté de Seattle), WA en compagnie de Paula Kerby, Lee Seaman et Nicole Beauvois.
S’il vous plait joignez-vous à moi en personne ou par courriel, en pratiquant où que vous soyez !
- Ito

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Une vaste portion du Pacifique, deux fois la taille du Texas, est un véritable brouet de plastique qui s'introduit dans notre chaîne alimentaire. Les scientifiques disent que ces toxines sont causes d'obésité, d'infertilité... et pire.

Le destin peut prendre d'étranges formes, et il ne paraîtra donc peut-être pas inhabituel que le Capitaine Charles Moore ait découvert sa vocation au cours d'un cauchemard. Malheureusement, il était alors éveillé, et à 800 miles au nord de Hawaii dans l'Océan Pacifique.

Cela se produisit le 3 Août 1997, un jour adorable, du moins au commencement : Soleil, Vent doux. Eau couleur de saphirs. Moore et l'équipage de l'Alguita, son catamaran de 17m à coque d'aluminium, sillonnaient l'océan.

Retournant vers le Sud de la Californie depuis Hawaii après une course nautique, Moore avait altéré la course d'Alguita, virant légérement au nord. Il avait le loisir et la curiosité d'essayer une nouvelle route, laquelle conduirait son vaisseau à travers la partie Est d'un ovale de 10 millions de miles carré connu sous le nom de gyre subtropical du Pacifique Nord. C'était une étrange étendue d'océan, un endroit que la plupart des bâteaux évitaient à dessein. D'une part, il était déventé. « Le marasme », l'appelaient les marins, et ils passaient au large. De même que les principaux prédateurs marins : le thon, les requins, et autres grands poissons qui requièrent des eaux plus vivaces, riches en proies. Le gyre était plutôt comme un désert - un lent, large et profond vortex d'air et d'eau tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, causé par la masse d'air à haute-pression qui le surmontait.

La réputation de cette région ne dissuada pas Moore. Il avait grandi à Long Beach, 40 miles au sud de LA, avec le Pacifique littéralement au pas de sa porte, et son expérience maritime était impressionnante : matelot, navigateur, plongeur, surfeur, et finalement capitaine. Moore avait passé d'innombrables heures au sein de l'océan, fasciné par ses vastes réserves de secrets et de terreurs. Il y avait vu beaucoup de choses, des choses glorieuses et grandioses ; des choses féroces et imposantes. Mais il n'avait jamais vu quoi que ce soit d'aussi effrayant que ce qui l'attendait dans le gyre.

« À part la petite quantité qui est incinérée - et c'est une toute petite quantité - la moindre parcelle de plastique jamais produit perdure encore. »

Cela commença par une ligne de sacs en plastique troublant la surface, suivie par un horrible conglomérat d'immondices : filets et cordes et bouteilles, récipients à huile de moteur et jouets de bain abîmés, un tarpaulin mutilé. Des pneus. Un cône de circulation. Moore n'en croyait pas ses yeux. Ici en cet endroit désolé, l'eau était un brouet de déchets de plastique. C'était comme si quelqu'un avait transfiguré en décharge publique le paysage marin immaculé de son enfance.

Comment tout ce plastique avait-il abouti là ? Quelle était l'origine de ce tsunami d'ordures ? Que cela signifiait-il ? Pour autant que ces questions semblassent accablantes, Moore allait bientôt apprendre que les réponses l'étaient encore plus, et que sa découverte avait de sinistres implications pour la santé humaine - et planétaire. Tandis qu'Alguita traversait la zone que les scientifiques ont aujourd'hui surnommée la « Tâche d'Ordures Orientale », Moore réalisait que la traînée de plastique s'étendait sur des centaines de miles. Déprimé autant que stupéfait, il navigua pendant une semaine parmi ces déchets toxiques dansants, confinés dans un purgatoire de courants circulaires. À son horreur, il était tombé sur le Léviathan du 21ème siècle. Cela n'avait ni tête, ni queue. Juste un corps sans fin.

« Tout le monde est plastique, mais j'aime le plastique. Je veux être plastique. » Cette citation d'Andy Warhol est emblasonnée sur un étendard magenta et jaune de deux mètres de long suspendu - avec une extrême ironie - dans l'atelier alimenté par énergie solaire de la résidence de Moore à Long Beach. L'atelier est entouré d'un Eden foisonnant d'arbres, buissons, fleurs, fruits et légumes, allant du prosaïque (tomate) à l'exotique (cherimoyas, goyaves, kakis bruns, figues blanches de la taille de balles de baseball). Telle est la maison dans laquelle Moore, 59 ans, a grandi, et elle reflète par ses caractèristiques terrienne d'ouverture à l'air libre ses racines d'activiste des années soixante, comprenant une période au sein d'une communauté à Berkeley. Compostage et culture bio ne sont pas ici des vains mots - on peut pratiquement sentir l'humus - ce qui n'exclut pas une baignoire pour bains chauds de forme oblongue entourée de palmiers. Au-dessus, deux combinaisons humides sont suspendues à une corde à linge.

Depuis sa première rencontre, neuf ans auparavant, avec la Tâche d'Ordures, Moore s'est assigné la mission d'apprendre exactement ce qui se passait là. Délaissant une carrière de 25 ans de business dans la restauration de meubles, il a créé l'Algalita Marine Research Foundation afin de promulguer ses découvertes. Il a repris des études scientifiques, qu'il avait laissées de côté lorsque son attention passa de la poursuite d'un diplôme universitaire à protester contre la guerre du Vietnam. Ses efforts inlassables l'ont placé en première ligne de cette nouvelle guerre, plus abstraite. Après avoir enrôlé des scientifiques tels que Steven B. Weisberg, Ph.D. (directeur du projet Southern California Coastal Water Reseach et expert en observation d'environnement marin) pour développer des méthodes d'analyse du contenu du gyre, Moore est retourné plusieurs fois à bord de l'Alguita à la Tâche d'Ordures. À chaque voyage, le volume de plastique observé s'est accru de façon alarmante. La région dans laquelle il s'accumule fait maintenant deux fois la taille du Texas.

Parallèlement, tout autour du globe, on observe des signes que la pollution plastique fait plus que défigurer le paysage ; elle se fraie aussi un chemin dans la chaîne alimentaire. Parmis ses plus évidentes victimes sont les mouettes marines dont les corps sont ramenés au rivage en nombre surprenant, gavés de plastique : capsules de bouteilles, briquets, applicateurs de tampons et autres débris colorés qui, aux yeux d'une mouette, ressemblent à du poisson. (Un volatile disséqué par les chercheurs Hollandais contenait 1,603 pièces de plastiques). Et les oiseaux ne sont pas les seuls. Toutes les créatures marines sont menacées par du plastique flottant, des baleines jusqu'au plancton. Une horreur morale profonde nous emplit à la vue de ces images : une tortue de mer dont un anneau de plastique étrangle la carapace au point de lui donner la forme d'un sablier ; une baleine à bosse remorquant des filets de plastique qui meurtrissent sa chair et interdisent à l'animal de chasser. Plus d'un million de mouettes, 10,000 mammifères marins, et d'innombrables poissons meurent dans le Pacifique Nord chaque année, que ce soit d'avoir commis l'erreur de manger de tels déchets ou de s'y être empêtrés et noyé.

Cela est déjà suffisamment affligeant en soi. Mais bientôt Moore apprit que les gros conglomérats tentaculaires d'ordures ne constituaient que les signes les plus visibles du problème ; d'autres étaient bien moins évidents, et bien pires. Draguant un filet à mailles fines connu sous le nom de « chalut manta », il découvrit de minuscules pièces de plastique, certaines à peine visibles à l'œil nu, tournoyant comme la nourriture des poissons à travers les courants. Avec l'aide de son équipe de chercheurs il analysa, mesura et tria ses échantillons et aboutit à la conclusion suivante : en terme de poids, cette région maritime contient six fois plus de plastique que de plancton.

Cette statistique est désolante - pour les animaux marins, bien sûr, mais plus encore pour les humains. Plus invisible et omniprésente est la pollution, plus il y a de chance qu'elle finisse à l'intérieur de notre organisme. Et des preuves de plus en plus alarmantes s'accumulent que nous ingérons des toxines plastiques constamment, et que même en petites doses ces substances peuvent sévérement perturber notre activité génétique. « Chacun de nous est affligé de ce lourd fardeau corporel », déclare Moore. « Vous pouvez envoyer votre sérum à un laboratoire aujourd'hui, et ils y trouveront au moins 100 composants chimiques industriels qui n'existaient pas en 1950. » Le fait que ces toxines ne causent pas de violentes réactions immédiates ne signifie pas qu'elles soient bénignes : les scientifiques commencent seulement à étudier les effets à long-terme sur notre biochimie des éléments chimiques entrant dans la composition du plastique.

« Ces découvertes suggèrent que l'exposition en phase de croissance au BPA contribue à l'obésité épidémique qui s'est répandue pendant ces deux dernières décennies dans les pays développés. »

En termes simples, le plastique est un mélange à base de pétrole de monomères formant des polymères, auxquels des additifs chimiques sont ajoutés pour en influencer la souplesse, l'inflammabilité, et autres qualités diverses. Lorsqu'on en arrive à ces substances, les syllabes elles-mêmes sont effrayantes. Par exemple, si le terme acide perfluorooctanique (PFOA) ne vous inspire pas l'envie d'en assaisoner votre popcorn avant de le passer au micro-ondes, vous avez raison. Récemment le Bureau du Conseil Scientifique à l'Agence pour la Protection de l'Environnement a révisé sa classification du PFOA pour le passer dans la catégorie des agents probablement carcinogènes. Il n'en reste pas moins un ingrédient commun des emballages résistants à l'huile ou à la chaleur. Ainsi, bien que le popcorn lui-même puisse ne pas contenir de PFOA, si le sac est traité au PFOA suffisamment de ce dernier peut s'infiltrer dans l'huile du popcorn lorsque votre beurre Deluxe fait connaissance avec votre four micro-onde surchauffé pour, en un seul service, faire plafonner la courbe de présence de cet élément dans votre sang.

D'autres additifs chimiques nuisibles sont les retardateurs de flamme connus sous le nom d'éthers diphényle polybrominés (PBDEs). Ces substances ont été reconnues lors d'études préliminaires sur des animaux comme toxiques pour le foie et la thyroïde, susceptibles d'affecter les fonctions reproductrices, et d'entraîner des pertes de mémoire. Dans les intérieurs de voiture les PBDEs - utilisés pour les embellissements et autres revêtements de sol - sont combinés avec un autre groupe appelé les phthalates pour créer l'odeur si vantée de la « nouvelle voiture ». Exposez vos roues neuves au soleil brûlant pendant quelques heures, et ces substances peuvent se recombiner en gaz à un rythme accéléré, libérant des dérivés nocifs.

Il ne serait pas juste, cependant, de n'incriminer que les chaînes de restauration rapide et les nouvelles voitures. Les PBDEs, pour ne citer qu'eux, sont utilisés dans bien d'autres produits, incluant les ordinateurs, moquettes, et peintures. Quant aux phthalates, nous en distribuons mondialement pour environ un milliard de livres par an bien que la Californie les ait récemment répertoriés en tant que produit toxique pour nos systèmes reproductifs. Rendant les plastiques souples et pliables, les phthalates passent aisément de millions de produits - nourriture emballée, cosmétiques, vernis, pochettes de médicament à durée de validité limitée - dans notre sang, urine, salive, fluides séminaux, lait maternel et liquide amniotique. Dans les emballages de nourriture et certaines bouteilles en plastique, les phthalates se trouvent aujourd'hui en compagnie d'un autre composé du nom de bisphénol A (BPA) dont les scientifiques commencent à découvrir qu'il peut causer de sévères dommages dans notre organisme. Nous en produisons pour environ 6 milliards de livres par an, et cela se voit : le BPA a été relevé dans quasiment tous les êtres humains testés aux Etats-Unis. Nous mangeons, buvons, respirons et absorbons chaque jour ces adjuvants de plastification à travers notre peau. Le plus alarmant est que ces composants chimiques peuvent perturber le système endocryne - cet ensemble à l'équilibre délicat d'hormones et de glandes qui affecte virtuellement tout organe et cellule - où ils sont assimilés aux hormones femelles d'œstrogènes. Dans l'environnement marin, cet excédent d'œstrogène a conduit à la cauchemardesque découverte de poissons et de mouettes mâles ayant développé des organes sexuels femelles.

Sur terre, les choses ne sont guère plus reluisantes. « Les taux de fertilité sont depuis quelques temps en déclin, et l'exposition aux oestrogènes synthétiques - particulièrement ceux entrant dans la composition du plastique - peut avoir un effet adverse » déclare Marc Goldstein, directeur de l'institut Cornell pour la Médecine Reproductive. Dr. Goldstein note aussi que les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables. « L'exposition prénatale, même à très faible dose, peut causer d'irréversibles dommages aux organes reproducteurs du futur bébé ». Et, après la naissance, le bébé n'est qu'à peine sorti de l'auberge. Frederick vom Saal, Ph.D., professeur à l'Université du Missouri à Columbia spécialisé dans l'étude des oestrogènes chimiques du plastique, avertit les parents de « se garder d'utiliser des biberons en polycarbonates. Ceux-ci sont particulièrement dangereux pour les nouveaux-nés, dont le cerveau, le système immunitaire, et les gonades sont en cours de développement. » Les recherches du Dr. Vom Saal l'ont amené à débarasser sa maison de tout élément en plastique de polycarbonate, et de ne plus acheter de nourriture emballée de plastique ou en boîte de conserve - les boîtes sont recouvertes d'un film de plastique - au supermarché. « Nous savons maintenant que le BPA provoque le cancer de la prostate chez les souris et les rats, et des anormalités dans les cellules inductives de la prostate, qui sont les cellules impliquées dans le cancer de la prostate chez les humains. » explique-t-il. « Cela suffit pour m'en donner une peur bleue. » À l'Université de Tufts, Ana M. Soto, M.D., professeur d'anatomie et de biologie cellulaire, a aussi établi des rapports entre ces produits chimiques et le cancer du sein.

Comme si ce potentiel cancérigène et mutagène ne suffisait pas, Dr. Vom Saal déclare dans l'un de ses rapports que « l'exposition prénatale à de très faibles doses au BPA accroît le taux de croissance post-natale chez les souris et les rats. » En d'autres termes, le BPA fait grossir les rats. Leur taux d'insuline monte sauvagement pour ensuite sombrer dans un état de résistance - virtuellement la définition du diabète. Cela produit chez les rats de plus grosses cellules, et en plus grand nombre. Une co-publication scientifique du Dr. Vom Saal contient cette phrase effrayante: « ces découvertes suggèrent que l'exposition en phase de croissance au BPA contribue à l'obésité épidémique qui s'est répandue pendant ces deux dernières décennies dans les pays développés, en association avec l'accroissement spectaculaire de la quantité de plastique produit chaque année ». À ce compte, il n'est peut-être pas uniquement accidentel que la hausse affolante des cas de diabètes en Amérique - 735% depuis 1935 - suive la même tendance.

Ces nouvelles sont assez déprimantes pour donner à quiconque l'envie de se réfugier dans la bouteille. Le verre, au moins, est facilement recyclable. Vous pouvez prendre une bouteille de tequila, la faire fondre, et produire une autre bouteille de tequila. Avec le plastique le recyclage est plus compliqué. Malheureusement, ce triangle de flèches prometteur qui apparaît sur certains produits n'indique pas toujours une ré-utilisation infinie ; il identifie simplement la catégorie de plastique auquel le produit appartient. Or des sept différents plastiques couramment à l'usage, seuls d'eux d'entre eux - PET (portant la mention #1 à l'intérieur du triangle et utilisé pour les bouteilles de soda) et HDPE (portant la mention #2 à l'intérieur du triangle et utilisé pour les bouteilles de lait) - ont un post-marché digne de ce nom. Ainsi peu importe l'application vertueuse avec laquelle vous enfournez paquets de chips et bouteilles de shampoing dans les conteneurs bleus, peu d'entre eux échapperont à la décharge - seuls 3 à 5 pour cent des plastiques sont recyclés de quelque manière que ce soit.

« Il n'existe pas de moyen légal pour recycler un pot à lait en autre pot à lait sans ajouter une couche vierge de plastique. » dit Moore, faisant remarquer que, le plastique fondant à basse température, il retient les polluants et résidus dégradés de son précédent contenu. Augmentez la chaleur pour désagréger ces derniers, et certains plastiques dégagent alors des vapeurs mortelles. C'est pourquoi le matériau récupéré est utilisé la plupart du temps pour fabriquer des produits entièrement différents, des choses qui n'entrent pas en contact avec la bouche, telles que veste matelassée ou moquette. Par conséquent le recyclage du plastique, contrairement au verre, métal ou papier, ne contribue pas toujours à diminuer l'utilisation de matériau vierge. Et le fait que la production de plastique neuf revienne moins cher n'aide pas les choses.

Moore trouve régulièrement des amalgames de plastique à moitié fondu dans l'océan, comme si la personne ayant commencé à brûler ces objets avait réalisé à moitié de la procédure que c'était une mauvaise idée, et s'était arrêtée (à moins qu'elle n'eût succombé aux vapeurs libérées). « Un problème est qu'à mesure que le plastique prolifère dans le monde, l'espace disponible pour les décharges diminue et les gens commencent à brûler le plastique - produisant ainsi les gaz les plus toxiques qui soient connus », dit-il. Le système de codage par couleurs des poubelles peut bien fonctionner au Main County, il est notablement moins efficace en Afrique sub-équatoriale ou au Pérou.

« À part la petite quantité qui est incinérée - et c'est une toute petite quantité - la moindre parcelle de plastique jamais produit perdure encore », explique Moore, décrivant comment la structure moléculaire de ces matériaux résiste à la biodégradation. En effet le plastique s'effrite en fragments de plus en plus minuscules lorsqu'il est exposé au soleil et aux intempéries. Et aucun de ces myriades de fragments n'est près de disparaître : même lorsque le plastique est décomposé au niveau de ses molécules, celles-ci restent réfractaires à la biodégradation.
En vérité, personne ne sait combien de temps prendra le plastique pour se biodégrader, ou pour retourner à ses éléments de carbone et d'hydrogène. Nous avons inventé la chose il y a 144 ans, et le meilleur pronostic scientifique est que sa disparition naturelle prendra quelques centaines d'années de plus. Entretemps, chaque année, nous en dégorgeons quelque 60 milliards de tonnes, la plupart destinée à former des produits de consommation à usage unique. Oubliez la question de savoir pourquoi nous créons des bouteilles de ketchup et autres anneaux de packs de six qui durent la moitié d'un millénaire, pour n'en considérer que les implications : le plastique ne disparaît jamais vraiment.

Demandez à un groupe de personnes de vous citer un problème planétaire de première importance, et vous entendrez parler de changement climatique, du Moyen-Orient, ou du SIDA. Personne, soyez-en sûr, ne mentionnera le transport sans précautions des nodules comme sujet d'inquiétude. Et pourtant ces nodules, des grains de plastique pas plus gros que des lentilles dans leur forme la plus basique, constituent des porteurs particulièrement efficaces de débris chimiques appelés « polluants organiques persistants », ou POPs, parmi lesquels on trouve des carcinogènes connus tels que DDT et PCBs.

Les Etats-Unis ont banni ces poisons dans les années 70, mais ils demeurent obstinément disséminés dans l'environnement, d'où ils s'accrochent au plastique du fait de sa propension moléculaire à attirer les huiles.

Le mot lui-même - nodules - a une résonance attendrissante et inoffensive, comme un personnage de dessins animés ou une marque de pâtes pour enfants, mais ce à quoi il fait référence ne l'est certainement pas. En absorbant jusqu'à un million de fois le niveau de pollution par POP des eaux environnantes, les nodules se transforment en pilules hyper-concentrées de poison. Ils sont suffisamment légers pour flotter dans l'air comme de la poussière, pour s'échapper des caisses de transport maritimes, pour se déverser dans les ports, les drains des tempêtes et les criques. Dans l'océan, les nodules sont facilement pris pour des œufs de poissons par les créatures que tenteraient un tel repas. Et une fois dans le corps d'un thon ou d'un saumon royal, ces tenaces produits chimiques sont dirigés tout droit vers votre estomac.
Une étude a estimé que les nodules représentent aujourd'hui 10 pour cent des débris de plastique dans l'océan. Et une fois qu'ils sont dispersés dans l'environnement, ils sont diaboliquement difficiles à déloger (pensez à des confettis). En des contrées aussi lointaines que Rarotonga, aux îles Cooks, à 2,100 miles au nord-est de la Nouvelle Zélande et à 12 heures de vol de LA, on les trouve communément mélangés au sable des plage. En 2004, Moore reçut une bourse de 500,000 dollars de la part de l'état de Californie pour enquêter sur les myriades de façons dont les nodules se libèrent pendant les processus de fabrication du plastique. Lors d'une visite à une usine de fabrication de chlorure de polyvinyl (PVC) alors qu'il traversait un secteur où les wagons déchargeaient des nodules broyés, il prit conscience de ce que ses revers de pantalon étaient emplis d'une fine poussière de plastique. Au détour suivant il vit des traînées de nodules soufflés par le vent qui s'entassaient contre une clôture. Lorsqu'il parle de cette expérience, la voix de Moore se durcit et ses mots se déversent en avalanche urgente: « ce n'est pas le gros tas d'ordures sur la plage. C'est le fait que toute la biosphère est envahie par ces particules de plastique. Quels sont leurs effets sur nous ? Nous les respirons, les poissons les mangent, elles sont dans nos cheveux, elles sont dans notre peau. »

Bien que les largages en mer fassent partie du problème, les nodules vagabonds et autre déchets de plastique qui parviennent au gyre proviennent en grande partie de la terre. Cette tasse en polystyrène que vous avez vu flotter dans la crique, si elle n'est pas ramassée et menée spécifiquement à une décharge, aboutira à la mer. Arrivée là, elle ne manquera pas d'endroits où aller : le gyre du Pacifique Nord ne représente qu'une sur cinq zones semblables de haute-pression des océans. Des zones similaires existent dans le Pacifique Sud, l'Atlantique Nord et Sud, et l'Océan Indien. Chacun de ces gyres a sa propre version de la Tâche d'Ordures, selon la manière dont les plastiques se rassemblent au gré des courants. Ensemble, ces régions couvrent 40 pour cent de la la surface océanique. « cela correspond à un quart de la surface terrestre », dit Moore. « Ainsi 25 pour cent de notre planéte fait l'effet d'une cuvette de toilettes dépourvue de chasse d'eau ».

Cela n'était pas sensé se passer ainsi. En 1865, quelques années après qu'Alexander Parkes eut dévoilé un précurseur manufacturé du plastique dénommé Parkesine, un scientifique du nom de John W. Hyatt se lança dans la création d'un remplaçant synthétique des boules de billard en ivoire. Il était animé des meilleures intentions : Sauver les éléphants ! Après quelques tâtonnements il créa le celluloïd. À partir de là, chaque année vit la naissance d'une nouvelle recette miraculeuse : Rayon en 1891, Téflon en 1938, Polypropylène en 1954. Durable, bon marché, polymorphe - le plastique semblait une révélation. Et, de bien des manières, il l'était. Le plastique nous a apporté les gilets pare-balles, cartes de crédit, pantalons moulants en slandex. Il a contribué à des découvertes révolutionnaires en médecine, en ingénierie aéronautique, et en informatique. Enfin qui parmi nous ne possède pas de Frisbee ?
Le plastique a ses avantages ; personne ne saurait le nier. Peu d'entre nous, cependant, sont aussi enthousiastes que le Bureau Américain des Plastiques. Dans l'un de ses récents communiqués de presse, intitulé « Sacs en Plastique - un Compagnon Fidèle de la Famille » on peut lire : « peu de gens se souviennent de ce à quoi la vie ressemblait avant que les sacs en plastique devinssent un icône de commodité et de practicalité - et aujourd'hui d'art. Vous souvenez-vous de ce ‘magnifique' [sic] sachet tourbillonant et planant dans American Beauty ? »

Hélas, les mêmes qualités éthérées qui permettent aux sachets de danser grâcieusement sur les grands écrans les font aussi atterrir en maints endroits beaucoup moins désirables. Vingt-trois pays, incluant l'Allemagne, l'Afrique du Sud, et l'Australie, ont banni, taxé, ou restreint l'usage des sacs en plastique du fait qu'ils bouchent les canalisations et se logent dans les gorges du bétail. Tels des Kleenex pernicieux, ces sachets si légers finissent accrochés aux arbres et enroulés autour des clôtures, devenant un supplice pour les yeux et bien plus : ils piègent par surcroît l'eau de pluie, créant des bassins de colonisation idéaux pour les moustiques porteurs de maladie.

Devant l'indignation publique provoquée par les images de dauphins suffoqués par ce « Compagnon Fidèle de la Famille », le Bureau Américain des Plastiques adopte une position défensive, qui n'est pas sans rappeler celle du NRA : les plastiques ne polluent pas, les gens si.

Cela n'est pas faux. Chacun de nous se débarasse d'environ 185 livres de plastique par an. Nous pourrions certainement réduire ce nombre. Et pourtant - nos produits doivent-ils nécessairement être aussi délétères ? Une tongue dépariée doit-elle partager notre compagnie jusqu'à la fin des temps ? Les rasoirs jetables et cacahuètes emballées sous vide ne sont-ils un piètre prix de consolation pour la destruction des océans du monde, pour ne pas mentionner nos propres corps et la santé des générations futures ? « Si ‘plus est mieux' est le seul mantra que nous ayons, nous sommes fichus » déclare Moore, en résumé.

L'océanographe Curtlis Ebbesmeyer, Ph.D., un expert à propos des déchets marins, est d'accord. « Si nous pouvions nous projeter en avance rapide à 10,000 ans en avenir et effectuer des fouilles archéologiques... Nous trouverions une mince ligne de plastique » déclara-t-il au Seattle Times en Avril dernier. « Qu'arriva-t-il à ces gens ? Eh bien, ils mangèrent leur propre plastique et perturbèrent leur structure génétique au point de perdre la capacité de se reproduire. Ils ne durèrent pas très longtemps car ils se détruisirent eux-mêmes. »

Déprimant à se couper les veines, oui, mais il y a quelques lueurs d'espoir à l'horizon. L'architecte paysagiste et designer William McDonough est devenu une voix influente, non seulement dans les cercles environementalistes mais aussi parmi les chefs d'entreprise de Fortune 500. McDonough propose un standard connu sous le nom de « berceau à bercail » suivant lequel tous les objets manufacturés doivent être réutilisables, sans poison, et bénéficiaires à long-terme. Son indignation est évidente lorsqu'il saisit un canard en caoutchouc, jouet de bain usité pour enfants. Le canard est en PVC bourré de phthalates, que l'on sait lié au cancer et aux dysfonctionnement des appareils reproducteurs. « Quel genre d'êtres sommes-nous qui pouvons concevoir quelque chose comme cela ? » s'insurge McDonough. Aux Etats-Unis, il est communément accepté que les bibelots soulageant les poussées dentaires des enfants, les cosmétiques, emballages de nourriture, voitures, et textiles soient constitués de matériaux toxiques. D'autres pays - et nombre d'entreprises - sont en train de reconsidérer. En ce moment, McDonough travaille avec le gouvernement Chinois pour construire sept cités utilisant les « matériaux de construction du futur », parmi lesquels un tissu que l'on peut absorber sans dommage et une nouvelle forme non-toxique de polystyrène.

Grâce à des gens comme Moore et McDonough, et à des succès médiatiques comme le film d'Al Gore Une Vérité Qui Dérange, la conscience de la force exacte de l'impact que nous avons exercé sur notre planète atteint des sommets. Après tout, à moins que nous planifiions de coloniser Mars incessamment, c'est l'endroit où nous vivons, et nul d'entre nous ne choisirait d'aller habiter dans un dépotoir de produits toxiques ou de passer ses journées à se faire injecter des médicaments pour traiter nos systèmes endocrynes déboussolés et nos foisonnants cancers.

Aucun des problèmes liés au plastique ne peut être résolu du jour au lendemain, mais plus nous apprenons, plus grande est la probabilité que, pour finir, la sagesse prendra le pas sur la commodité et l'accessibilité bon marché. D'ici là, que le ménage commence : l'Administration Nationale Océanographique & Atmosphèrique (NOAA) fait un usage sans concession de satellites pour localiser et retirer les « filets fantômes », ces équipements de pêche en plastique qui, livrés à eux-mêmes, ne cessent de tuer. (Un seul d'entre eux récemment hissé hors de l'eau au large de la Floride contenait plus de 1,000 poissons morts, requins, et une tortue de mer). De nouveaux plastiques à base d'amidon et de maïs sont arrivés, et Wal-Mart s'est engagé en tant que client. Une rébellion des consommateurs contre l'emballage inconsidéré et excessif est en cours. Et en Août 2006, Moore était invité à discourir sur les « débris maritimes et perturbations hormonales » lors d'une conférence organisée en Sicile par les conseillers scientifiques au Vatican. Cette réunion annuelle, dénommée Séminaires Internationaux sur les Urgences Planétaires, rassemble des scientifiques pour discuter des menaces les plus sérieuses pour l'humanité. Au nombre des thèmes antérieurs figurent l'holocauste nucléaire et le terrorisme.

Le kayak gris en plastique flotte à côté du catamaran de Moore, Alguita, qui loge dans un chenal non loin de sa maison. Ce n'est pas un très beau kayak ; en fait, il a même l'air plutôt décati. Mais il flotte, un solide deux-places de 8 pieds de long. Moore se tient sur le pont d'Alguita, les mains sur les hanches, le contemplant de haut. Sur le voilier à côté du sien, son voisin, Cass Bastain, en fait autant. Il a fait part à Moore la veille de sa trouvaille de l'embarcation abandonnée, flottant non loin de la côte. Les deux hommes secouent la tête en signe d'incrédulité.

« C'est probablement un kayak à 600 dollars » dit Moore, puis il ajoute « Je ne fais même plus mes courses. Tout ce dont j'ai besoin finit toujours par dériver jusqu'ici ». (Selon lui, le film Cast Away est une plaisanterie - Tom Hanks eût pu construire un village avec les déchets rejetés au rivage pendant les tempêtes).

Observant le kayak qui danse inconsolablement, il est difficile de ne pas s'interroger sur ce qui va en advenir. Le monde est plein de kayaks plus cools, plus sexys. Il est plein aussi de kayaks en plastique bon marché colorés de manière plus attrayante que ce gris de navire de guerre. Ce kayak orphelin est un dadais de bâteau, 50 livres de nodules extrudées pour en faire un objet que personne ne veut, mais qui nous survivra plusieurs siècles.

Et tandis que Moore se tient sur le pont en contemplant les eaux, il est facile de l'imaginer faisant la même chose à 800 miles à l'ouest, dans le gyre. On peut se reprèsenter sa silhouette dans la lumière argentée, prise entre l'océan et le ciel. On peut se représenter la surface mercuriale du corps fait eau le plus majestueux sur terre. Et en-dessous, on distingue les formes à-demi submergées de ce musée d'horreur des choses oubliées et rejetées. Tandis que Moore regarde par-dessus bord, on peut voir les mouettes qui passent au-dessus de sa tête, plongeant et effleurant les eaux. L'un de ces oiseaux de passage, effilé tel un avion de combat, transporte un brin de quelque chose de jaune dans son bec. L'oiseau plonge à ras puis, tel un boomerang, disparaît à l'horizon. Parti.


Article original par Susan Casey, Photographies de Gregg Segal
publié le 20 Février 2007 dans BestLife
sous le titre: Plastic Oceans

dimanche 17 juin 2007

Pour la mémoire de Nanjing

 Chers Frères et Soeurs en Taimyo,

Encore moi / Ito !
Vous trouverez ci-devant des informations sur la conférence concernant Nanjing, à laquelle Masashi Minagawa et moi-même participerons cet Automne. Nous planifions d’assister à cette conférence du début à la fin et de faire de notre mieux pour être de "Bons Japonais !"
Merci de continuer à nous envoyer vos encouragements sur le réseau Taimyo !
- Ito

P. S.:
Juste une note pour vous signaler le reportage de Serge Viallet sur ces événements - cela s’appelle LE SAC DE NANKIN et cela passe sur Arte, le 28 novembre à 20h40...
Peut-être pourrions-nous faire un beau cercle TAIMYO au moment de la conférence ?
Bien à vous,
Nicole

lundi 9 avril 2007

Retours d'Omaha Beach

Retour des participants à la pratique du 7 au 9 Avril 2007.


Chers Soeurs & Frères en Taimyo :

Depuis Omaha Beach, nous vous envoyons beaucoup de soleil et de bonne énergie - et nous réjouissons de recevoir aussi de vos nouvelles -
- Linda

Pour partager avec vous un grand moment de pratique, de méditation pour la paix et la Joie dans le monde
- Françoise

Savourant la relation avec la nature et les autres participants, savourant les mouvements du corps, jouant avec le vent et les vagues...
- Benedict

J’étais inquiète de venir ici à cause de l’histoire de cet endroit. En fait j’ai découvert que la beauté de la nature est plus importante que les horreurs de l’humanité. Pratiquer Taimyo, c’est être dans l’ici et maintenant. J’ai exprimé ma reconnaissance pour tous ces hommes et ces femmes qui ont souffert.
- Nathalie.

Grâce à vous, en concentrant ma conscience sur les vagues, j’ai pu exprimer ma gratitude au peuple Américain, ici, sur Omaha Beach, pour nous avoir libérés ; en outre, depuis le Kangeiko de 2006 à Fort Mahon, vous m’avez aidée à ouvrir mon corps et mon âme à Ten autour dessus et dessous par le Taimyo kata ; merci Ito de m’avoir invitée à me laisser porter par le courant
- Flo(t)

C’était une expérience si riche de sentir mes amis du Shintaïdo partout dans le monde, là sur la plage où tant d’hommes de nos pays sont morts (Américains, Canadiens, Anglais, Norvégiens, Allemands) dans la terreur. Depuis notre première pratique hier, le ciel est bleu, l’océan est calme et le vent souffle juste assez gentiment pour nous permettre de nous sentir bien et vivants. J’aurais souhaité que Mr Dick Olton pût être ici physiquement avec nous. Je ne peux m’abstenir de m’incliner devant le monument sculpté d’Omaha Beach, une révérence de profond respect.
-Nicole

Atteignant Ten à travers Chi... L’horizon à travers la marée... La Victoire à travers la défaite — nous pouvons prendre soin de nous-mêmes, maintenant : grâce Vous soit rendue !!
- Patrick

Lutter pour la liberté... Les vagues de la mer, la force de la nature... Une marée après l’autre apportant une plage nouvelle et propre, un monde nouveau... La paix immense à l’intérieur et à l’extérieur... La force venant de l’extérieur autant que de l’intérieur... Je ne peux encore relier ni expliquer toutes ces sensations, mais je sais qu’elles sont porteuses de quelque vérité à propos de la vie, à propos de la mort, et à propos de ce que nous sommes sensés faire et être sur cette terre. Merci Ito de nous guider dans ce voyage où nous essayons d’élever notre conscience et réconcilier nos coeurs, nos esprits et nos âmes avec le monde réel autour de nous.
- Jean-Louis

Cher Ito-sensei,
Je pars dans quelques minutes prendre les trains pour le ferry de Cherbourg et essayer de mon mieux de retourner à Omaha Beach.
L’année avait commencé avec les méditations de Jennifer - en rapport très étroit avec votre méditation de Pâques. C’est l’une des raisons de ma venue, parce qu’il m’avait semblé si clairement que vous m’invitiez à cette deuxième partie. Je ne sais pourquoi je dois à présent retourner à nouveau cette plage - j’ai tenté de m’en dissuader - mais j’ai relu mes notes de la plage et je sais que c’est là que je vais.
Pas sûre d’avoir accès à un ordinateur, aussi je préfère envoyer un mot.
Oui j’ai ma première description de ma découverte de la carcasse rouillée d’un bâteau à l’aube / méditation du Lundi de Pâques. Je vais l’arranger un peu et vous l’envoyer.
La pratique que j’ai effectuée sur la plage 2 jours après que tout le monde fut parti m’a mise en contact avec la mort, et pas du tout d’une manière effrayante.
Je veux que vous sachiez que la lumière dont j’ai fait l’expérience en me réveillant cette semaine - bien que ces mots semblent inadéquats - était bien en relation avec la mort, comme vous l’avez supposé dans votre email.
Et si cette connection était authentique, ce dont je suis absolument convaincue, alors la mort est très belle. Très à propos de la vie.
Merci, Ito-sensei, de nous avoir conviés à partager votre pratique de Pâques.
Je dois y aller :)
- Linda

Bénédictions
Chloé
Nous sommes tombés là où
TOUT EST MUSIQUE !
Mise tout sur l’amour
Si tu es un véritable être humain
A Year with Rumi, Coleman Barks
Harper San Francisco

Cher Ito,
Mon coeur s’emplit à la lecture de toutes ces expressions profondément sincères d’expérience personnelle du Taimyo sur Omaha Beach ! Ces messages sont pleins d’affirmations de guérison & d’accès à la beauté, transformant la mémoire de la souffrance. Vous savez combien j’aurais voulu être là avec vous. Il s’est malheureusement avéré plus sage de ne pas essayer, car je suis tombée assez sérieusement malade pendant quelques jours. Mais je jure d’avoir senti votre énergie à tous lorsque j’ai fait Taimyo ici à la maison ces Samedi & Dimanche. Étant malade je n’ai pas pu rassembler un groupe cet année, mais même ainsi ce fut une pratique bénéfique. De ma chambre à l’étage mon regard porte sur les eaux de la Passe de Saratoga, ce qui m’a aidée à me visualiser avec vous sur Omaha Beach. Le Dimanche - hier - ma propre marée commença à s’inverser & j’ai commencé à sentir la lumière entrer à nouveau.
Amour & lumière pour vous tous, & gratitude pour votre assemblée sur Omaha Beach.
- Paula

Cher Ito,
Nous avons eu beaucoup de plaisir à pratiquer le Taimyo Kata avec Valérie Kuntz, mon amour, et Jean-Marc un ami cher. Ce furent des instants merveilleux sur la plage du Touquet dans le nord de la France : ciel bleu, vent doux et une magnifique lumière sur les vagues. Toutes choses semblent calmes comme mon coeur.
Merci pour cette belle idée d’effectuer le taimyo kata pour la paix et la méditation sur la vie et la mort.
Meilleures salutations,
- Serge

Bonjour Ito-sensei, bonjour Nicole,
J’écris en français car je ne suis pas sûre de mon anglais vacillant et je ne voudrais pas déformer des expressions et ne pas pouvoir exprimer pleinement ma pensée.
Tout d’abord merci beaucoup de nous avoir réunis dans cet endroit magnifique.
D’une certaine façon, j’ai eu du mal à penser à ceux qui avaient débarqué et à ceux qui les attendaient en face... je ne voulais pas penser à la vie et à la mort de cette façon aussi brutale ; j’ai plutôt concentré ma pensée très intensément sur des images de reconstruction, à la nature qui se régénère, "the healing power of Mother Nature " as Ito said, à l’unification, à la rédemption, à la réparation.
Cette idée de réparation est au coeur des mes pensées actuellement et la pratique à cet endroit précis, avec vous, avec les discussions, en écoutant Ito-sensei, est très importante à ce moment particulier de ma vie.
Accepter de réparer est également une prise de risque.
Les échos de ce week-end vont résonner longtemps encore pour chacun d’entre nous.
J’espère que vous allez bien et je vous remercie encore pour votre présence bienveillante et pour partager encore et toujours votre joyeuse sérénité.
Je vous embrasse.
A bientôt !
- Bénédict

vendredi 6 avril 2007

L'enfant et le Sage

L’enfant approcha sa main de la plaque
Le froid dehors avait été si intense
La plaque oubliée rayonnait, si tentante
Qu’il s’oublia, lui-même, oublia
Ce que lui avait enseigné l’ expérience :
Il voulut s’en saisir, s’approprier à jamais
Sa chaleur
S’en saisit
Hurla
Repartit dans le froid

L’enfant approcha de la plaque
Repartit dans le froid

L’enfant approcha sa main du vieillard
Le froid dehors avait été si intense
Le vieillard oublié rayonnait, si tentant
Qu’il s’oublia, lui-même, oublia
Ce que lui avait enseigné l’expérience :
Il voulut s’en saisir, s’approprier à jamais
Sa chaleur
S’en saisit
Soupira
L’enfant n’avait plus froid

L’enfant prit la main du vieillard
Qui se consumait sur la plaque

-Patrick

samedi 31 mars 2007

Omaha J-7

Chers pratiquants :

Heureux Printemps !

Après avoir atterri à CDG dimanche dernier et m’être remis de mon décalage horaire à Maslives, j’ai repris la route ce Jeudi pour le sud de la France. Je me trouve à présent à Canaules (au nord de Montpellier, France) où Philippe Beauvois a son Centre de Shintaido-Shiatsu depuis 1998.

Merci d’avoir patienté jusqu’à ma deuxième annonce relative à notre prochain Taimyo !

1. Vous trouverez sur ce site un article rédigé par Elli Nagai-Rothe suite à notre entretien. Puisse-t-il vous aider à préparer vos esprits avant l’événement.

2. Nicole & moi serons dans la région d’Omaha Beach du Samedi après-midi au Lundi matin.

3. Voici les heures auxquelles nous avons prévu de pratiquer Taimyo sur la plage pendant ces trois jours :
  • Session 1 : Samedi 7 Avril, de 16h à 18h
  • Session 2 : Dimanche 8 Avril, de 9h30 à 11h30
  • Session 3 : Dimanche 8 Avril, de 21h à 23h
  • Session 4 : Lundi 9 Avril, de 8h à 10h
4. Pour ceux qui ont prévu de nous rejoindre en personne - d’après mes informations une vingtaine d’entre vous serez là ! - Nicole & moi proposons en outre :
  • Samedi soir : discussion de groupe pendant/après dîner
  • Dimanche après-midi : visite au musée de la guerre et/ou longue marche sur la plage
  • Lundi en fin de matinée : discussion de groupe pendant le déjeuner
5. Pour ceux qui ont prévu de nous rejoindre en esprit :
    Étant donnée notre distribution principale en 3 régions - Europe/UK, Amérique du Nord (de la côte Est à la côte Ouest), Japon/Australie - veuillez ajuster votre propre heure de pratique à votre convenance et rejoignez-nous en esprit ! Je me réjouis de recevoir ponctuellement de vos nouvelles par courriel ou Internet !!
6. Les horaires de marées à Omaha Beach durant ces trois jours seront :
  • Le 7 Avril :
    • Marée Basse : 8h45 et 20h58
    • Marée Haute : 1h41 et 13h58 coeff. 75
  • Le 8 Avril :
    • Marée Basse : 9h41 et 21h27
    • Marée Haute : 2h10 et 14h31 coeff. 66
  • Le 9 Avril :
    • Marée Basse : 9h46 et 22h02
    • Marée Haute : 2h44 et 15h12 coeff. 55
- Ito

jeudi 15 mars 2007

Préparatifs pour Taimyo sur Omaha Beach

Entretien avec Ito Sensei et Dick Olton
par Elli Nagai-Rothe


Du 7 au 9 Avril 2007, Ito sensei conduira une session de méditation Taimyo sur Omaha Beach en Normandie, France. Les raisons de cet événement, comme Ito les décrit lui-même:
À mes yeux la plage d'Omaha Beach symbolise la force régénératrice de Mère Nature. En 1944 cette plage était le théâtre d'une scène tirée tout droit de l'Enfer, mais aujourd'hui l'on peut vraiment sentir Ten-Chi-Jin en se tenant sur la côte de Normandie. Cela pourrait être une manière simple d'étudier la Vie & la Mort - et d'en apprécier notre propre expérience.

Arrière-plan Historique
Omaha Beach fut l'un des principaux points de débarquement des Forces Alliées dans la France occupée par les Allemands pendant la deuxième guerre mondiale. Situé au long de la côte Nord de la France, Omaha Beach fut l'un des points d'invasion choisis lors du fameux D-Day où des milliers de troupes alliées furent engagées dans ce qui restera, selon les mémoires, comme la plus féroce bataille de la deuxième guerre mondiale.

La Vision d'Ito et le Rôle de Taimyo
Concernant sa vision de la méditation Taimyo sur Omaha Beach, Ito identifie le site d'un événement violent comme un symbole de transformation.

Omaha Beach en 2007
En pratiquant Taimyo sur les lieux d'un événement violent, les méditants font témoignage de ce passé violent, transformant ainsi une énergie de violence en énergie pacifique et en une vision d'un avenir paisible.
Pour la première fois du 7 au 9 Avril, Ito organise une séance de méditation sur un site de guerre. La tristesse qu'il ressent au regard du nombre de vies perdues sur Omaha Beach est tempérée par le respect des sacrifices qui y furent consentis. Ito n'approuve pas la guerre, mais il croit qu'elle est parfois nécessaire. Se référant à la philosophie des arts martiaux pratiqués par les Samouraïs, il cite:
Vous devez être déterminé et prêt à vous sacrifier pour ce en quoi vous croyez. La Paix n'est pas donnée. Vous devez vouloir faire des sacrifices pour obtenir la paix.
Ito compare ensuite la paix à la santé:
Afin de vous maintenir en bonne santé, vous devez faire beaucoup d'efforts à l'avance. Libre à vous d'être paresseux mais alors vous tomberez malade. Il en va de même pour la paix : celle-ci demande un effort constant à l'avance pour se développer et perdurer.
Ainsi Ito en appelle-t-il à ce que notre pratique de Taimyo constitue une "méditation pour la paix", afin que nous contribuions à développer et perpétuer la paix.

Au cours des préparatifs de cette session, Ito découvrit que le père de Pamela Olton - laquelle pratique le Shintaïdo depuis 30 ans - avait participé en tant que soldat à l'assaut sur Omaha Beach. Ito et moi-même avons eu le plaisir d'interroger Dick Olton sur son histoire et son expérience de la deuxième guerre mondiale. L'espoir d'Ito est d'approfondir sa propre connection à Omaha Beach à travers l'histoire de Dick.

Dick Olton
Dick naquit à Brooklyn, New York en Août 1925. Il grandit dans la province de New York. En 1943, immédiatement après le lycée, Dick s'est porté volontaire pour partir à l'armée. Il avait 18 ans. « Au lycée tous les copains voulaient partir à l'armée », dit-il. « En ce temps tout le monde était patriote ». Les parents de Dick ne voulaient pas que leur fils mette sa sécurité en danger en partant au service, mais ils supportèrent néammoins sa décision. Le propre père de Dick avait été en Europe pendant la première guerre mondiale.
Depuis New York, Dick partit donc faire ses classes à l'école d'infanterie de Fort Benning, en Géorgie. Il put suivre des études supérieures pendant son armée. Il étudia la Mécanique à l'Institut Carnegie de Sciences et Technologies, grâce au programme militaire d'études spécialisées. Dick ne put cependant étudier qu'une année avant l'invasion de l'Europe et il fut enrôlé pour combattre dans l'infanterie.
Au moment où il fut envoyé à Omaha Beach, Dick avait 19 ans et le grade de Sergent avec 38 hommes à ses ordres. Lorsque son peloton atteignit Omaha Beach, les Américains avaient déjà envahi la Normandie: « beaucoup de troupes et d'approvisionnement étaient acheminés sur Omaha Beach. La plupart des combats avaient lieu sur les hauteurs au-dessus de la plage. »

Omaha Beach - renforts en hommes et équipement

Le peloton de Dick voyagea à pied depuis Omaha Beach, traversant Paris, passant par le Luxembourg et participant à la bataille de Bulge avant d'arriver en Allemagne. Dick se rappelle en particulier une bataille en Alsace-Lorraine, où il perdit 160 de ses 180 hommes en une journée.

Lorsque la guerre prit fin, Dick se trouvait dans un petit village en Allemagne de l'Ouest, dans un camp de transfer. De là, Dick retourna aux États-Unis où il fut préparé à l'envoi sur la côte Pacifique, pour être finalement dégagé de ses obligations militaires en Novembre 1945. Après la fin de la guerre il passa son diplôme d'ingénieur sous le mandat GI. « Ce fut la meilleure chose que ce pays accomplit pour lui-même - de nous permettre de retourner à l'école », déclare-t-il. Dick travailla ensuite comme ingénieur consultant et plus tard en tant qu'ingénieur municipal. Accompagné de son épouse, il retourna en Europe en 1994 pour visiter les lieux qu'il avait traversés avec son peloton.

L'opinion de Dick sur la guerre actuelle
Lorsqu'Ito demanda à Dick de comparer la deuxième G.M. à la guerre actuelle en Irak, Dick déclara que durant la deuxième G.M. la cause de la guerre était plus claire. Les troupes savaient pourquoi elles combattaient. Aujourd'hui, selon Dick, les politiciens et les medias brouillent et embrouillent les raisons de la guerre et par conséquent beaucoup de soldats n'ont plus une idée claire de pourquoi ils combattent: « trop de gens veulent micro-diriger la guerre. Que le Président ait raison ou tort, le Président est le Commandant en Chef. Ce n'est pas en le remettant en question que l'on peut gagner ».
Dick ajoute à propos des différences entre son expérience de la deuxième G.M. et sa perspective sur la guerre actuelle: « les gars sur le terrain aujourd'hui doivent pouvoir justifier chaque tir... Ils doivent penser à ce qui arrivera s'ils abattent la mauvaise personne. Les media leur sauteront dessus. Quelqu'un qui est à l'armée se défend et n'a pas à s'inquiéter de savoir si son acte de défense est politiquement correct ou incorrect. Si cela était arrivé pendant la deuxième guerre mondiale, Hitler dirigerait le monde aujourd'hui. Si j'avais du m'arrêter pour me demander ce qui arriverait lorsque je devais tirer sur quelqu'un, je ne serais pas vivant aujourd'hui. »

Opinions sur Taimyo
Dick soutient la prochaine session de méditation Taimyo. « Je pense que ce que vous faites avec le Shintaïdo est bien. Je pense que ce que vous faites à propos d'Omaha Beach est bien », dit-il. « Ne serait-ce que de permettre aux gens de marcher sur cette plage en réalisant ce qui s'y est passé - combien d'hommes furent tués et de commémorer le sacrifice qui eut lieu - c'est une bonne chose. Je voudrais que les gens réalisent à quel point la guerre et ses conséquences sont terribles. Peut-être que si les gens savaient mieux à quel point la guerre est terrible, ils ne s'y lanceraient pas aussi facilement. »

Réflexions d'Ito
Ito considère Omaha Beach comme une opportunité de transformation d'un passé violent vers un présent et futur pacifiques. Il considère les cicatrices qu'a laissées la guerre au Japon après l'explosion de la bombe atomique sur Hiroshima. Au lieu de développer de la haine et un désir de vengeance, il croit qu'il est important d'aller de l'avant dans la vie, et de transformer ces stigmates de guerre en paix. Il est possible de changer un conflit négatif en paix positive. « C'est comme une métamorphose. De ver à cocon, puis à papillon », dit-il.
Lors d'une précédente visite à Omaha Beach, Ito fut frappé par le pouvoir symbolique de guérison et par « l'émanation claire » de la plage en dépit de son horrible passé. « Je n'ai pas eu de sentiment étrange. Pas de sensation du type Vendredi 13. Pas de fantômes. Certains endroits me donnent froid dans le dos, mais pas Omaha Beach. Le sentiment qui émane de la plage est net. », dit Ito. La force du pouvoir de guérison de la nature est palpable à Omaha Beach et, selon Ito, offre aux pratiquants de Taimyo une opportunité de faire l'expérience de la relation entre la vie et la mort.
Ito souhaite que le Taimyo Network échange impressions et idées et fasse circuler rapports et discussions en ligne après l'événement du 7 au 9 Avril. Il se réjouit à l'idée que les gens partagent leurs expériences - aussi bien ceux qui auront été physiquement présents à Omaha Beach que ceux qui se seront joints à la pratique commune depuis d'autres lieux géographiques.

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Elli Nagai-Rothe est une Shintaidoka de la "nouvelle génération". Ayant grandi au sein de la communauté du Shintaïdo depuis l'âge de huit ans, Elli est passée à la pratique il y a 11 mois, en Avril 2006. Cet automne, elle projette d'entamer des études supérieures de « résolution de conflit internationaux inter-culturels ».


mardi 30 janvier 2007

Taimyo à Omaha Beach - week-end de Pâques

Chers Frères & Sœurs en Taimyo :

Avez-vous prévu quelque chose de spécial pour le week-end de Pâques cette année ? Si ce n’est pas le cas, prévoyez s’il vous plait de vous joindre à Nicole et moi pour une séance de méditation Taimyo à "Omaha Beach" en Normandie, France, le premier week-end d’Avril ! (Samedi 7 Avril - Lundi 9 Avril 2007)


Tant d’années ont passé. Les armes se sont tues, leurs emplacements lentement érodés par le sable et la mer - une fin, sinon poétique, du moins appropriée, car, pas plus qu’elles ne pouvaient alors contenir notre élan, pourraient-elles aujourd’hui retenir l’océan...
U.S. Army Staff Sgt "Joe", alias BloodSpit

À mes yeux la plage d’Omaha Beach symbolise la force régénératrice de Mère Nature. En 1944 cette plage était le théâtre d’une scène tirée tout droit de l’Enfer, mais aujourd’hui l’on peut vraiment sentir Ten-Chi-Jin en se tenant sur la côte de Normandie. Cela pourrait être une manière simple d’étudier la Vie & la Mort - et d’en apprécier notre propre expérience.

Nous voulons que les gens se joignent à nous - pour jouer avec les formes de Taimyo en nature ! Nous n’avons pas organisé formellement de stage ni réservé de retraite ou d’espace indoor. Notre plan est d’aller dehors à marée basse, qu’il pleuve ou que le soleil brille !

Voici 4 options/suggestions :
  1. Effectuez un voyage d’une journée à Omaha Beach le Dimanche 8 Avril et retrouvez-nous sur la plage ! Pour cette option, aucune réservation d’hôtel n’est nécessaire.
  2. Effectuez votre propre réservation d’hôtel (aussitôt que possible !) dans la région d’Omaha Beach, et venez passer du temps avec nous ! Cela pourrait être soit du Samedi au Dimanche, soit du Dimanche au Lundi.
  3. Passez 2 nuits et 3 jours dans les environs !!!
  4. Restez là où vous êtes ! Savourez/pratiquez Taimyo à votre endroit de prédilection et envoyez-nous votre "KI" ! Pour autant que vous nous notifiiez par avance, nous vous enverrons notre "KI" pendant notre pratique ! Nous croyons pouvoir traverser le temps et l’espace et FAIRE UN de par les possibilités de guérison à distance du Shintaido !!
L’HÔTEL où Nicole et moi avons réservé :
Hôtel D.DAY HOUSE - Omaha beach -
hôtel-bar-restaurant
Place du Monument
14710 - Saint-Laurent sur mer
email jj.Gaffie@wanadoo.fr
Tél. 02 31 92 66 49
Fax. 02 31 21 56 01
Tarif 55 euros par nuit + petit déjeuner 7 euros
TRANSPORT :
2 heures depuis Paris-Saint-Lazare jusqu’à Bayeux, puis 10 min en voiture ou taxi (30 euros pour 7 personnes, sur réservation).
ACTIVITÉS/OPTIONS :
Plusieurs séances de Taimyo kata, longue marche sur Omaha Beach, visite au musée de la Guerre, grande discussion au cours du dîner de Pâques (c’est la saison des huîtres !), etc.
Nicole et moi arriverons le Samedi en début d’après-midi et resterons jusqu’au Lundi en fin de matinée.

Nous nous réjouissons de vous retrouver sur la plage en personne - ou en esprit !

- Ito

lundi 1 janvier 2007

Voeux 2007

Chers Amis :

Meilleurs voeux du Japon !

Akemashite Omedeto ! Happy New Year !! Bonne Année !!!

Ce qui suit est un poème que j’ai découvert récemment. Il est vraiment encourageant en ce qu’il corrobore ce que m’a enseigné l’étude du Taimyo Kata : 

Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques, égocentriques ;
Pardonnez-leur quand même.
Si vous êtes gentils, il se peut que les gens vous accusent de visées égoïstes ;
Soyez gentils quand même.
Si vous réussissez, vous récolterez quelques faux amis et quelques vrais ennemis ;
Réussissez quand même.
Si vous êtes honnêtes et francs, il se peut que les gens vous trompent ;
Soyez honnêtes et francs quand même.
Ce que vous avez passé des années à construire, quelqu’un pourrait le détruire du jour au lendemain ;
Construisez quand même.
Si vous trouvez la sérénité et la joie, il se peut qu’ils en soient jaloux :
Soyez heureux quand même.
Le bien que vous faites aujourd’hui, les gens l’auront souvent oublié demain ;
Faites le bien quand même.
Vous donnez au monde le meilleur de ce que vous avez,
Et cela peut ne jamais suffire ;
Donnez au monde le meilleur de ce que vous avez quand même.
Voyez-vous, en dernière analyse,
C’est entre vous et Dieu ;
Cela n’a jamais été entre vous et eux de toute manière.
- De l’hospice de Mère Thérésa à Calcutta, en Inde

Quelques précisions sur la manière dont ce poème m’a trouvé : j’en fis une première lecture à travers une annonce par courriel de Shigeru Watanabe à Shiga, Japon, en début Décembre dernier. Il organisait à cette occasion une pratique locale de méditation Taimyo pour notre événement du 10 Décembre. (J’ai fait suivre une copie de son message aux Taimyokas qui pouvaient lire le Japonais). 

Akiko Kurosawa de Fukushima, Japon, m’a ensuite aidé à trouver la version Anglaise (Akiko a commencé le Shintaïdo sous la direction de Lucian Popa lorsqu’elle vivait à Vancouver, Canada - il y a plus de trois ans). D’après notre recherche, le poème était inscrit sur le mur de l’hospice fondé par Mère Thérésa à Calcutta, en Inde. Une pièce similaire apparait dans "Les Commandements Paradoxaux, Trouver Sa Signification Personnelle dans un Monde en Folie" écrit par Kent M. Keith. Nous pensons que Mère Thérésa a adapté l’enseignement de Kent Keith à sa forme de prière... 

Quand bien même —
Continuons à éclairer le "petit monde" autour de chacun de nous !*

Avec Sho-sei-i,
- Ito

PS : pour plus d’information voyez les sites suivants :
http://en.wikiquote.org/wiki/Mother_Teresa
http://www.kentmkeith.com/index.html

*Ichigu wo terasu !