À un public non averti, les arts martiaux donnent souvent l'impression d'un conflit physique entre deux ou plusieurs personnes. Ce conflit existe dans un continuum espace-temps où, pour entrer en contact, ces personnes choisissent de s'intersecter.* Si nous employons l'analogie du coup de pistolet pour le conflit - Prêts, En joue... Feu ! - {Prêts} est au point A, {En joue} est au Point B et {Feu !} a lieu au Point C. La plupart des arts martiaux sont fondés sur une action au Point C - quand un opposant est déjà sur nous. Le Timing est tout en arts martiaux, cependant le timing C est très tardif et d'une efficacité limitée. Bien que beaucoup d'experts en arts martiaux soient suffisamment habiles pour utiliser un timing C précoce, cela reste de l'auto-défense et requiert un contact physique.
À bien y penser, le timing est aussi critique pour les relations internationales. Sur la scène mondiale, les réponses arrivent le plus souvent post-conflit - au point C ou plus tard. Combien de fois avons-nous entendu parler de violence éclatant quelque part dans le monde, et nous sommes-nous demandés pourquoi cela n'aurait pas pu être arrêté plus tôt ? Une réponse tardive s'accompagne inévitablement d'une violente contre-attaque et exacerbe souvent le problème originel.
Si nous essayons de prendre le contrôle ou de nous opposer dans une rencontre d'arts martiaux, nous nous retrouvons immédiatement séparés de notre adversaire et perdons la capacité de communiquer. La relation se dévide et nous finissons par “perdre”. Nous pouvons nous opposer à nouveau dans une tentative de rétablir la communication, mais cela incite l'autre personne à pousser plus fort pour se protéger.
Lorsque nous sommes en butte à un conflit, notre premier travail consiste à lâcher du lest afin d'éviter une issue catastrophique et dangereuse. Cela peut ressembler à se “débiner” ou se “coucher”, mais en réalité c'est une forme plus active d'engagement. En nous relâchant et en n'essayant pas de repousser, nous maintenons en réalité une meilleur connexion avec notre adversaire - et non un “contrôle” comme il est communément entendu. Nous nous employons simplement à rester en contact et coopératifs.
À terme, cela demande d'abandonner les dichotomies force-faiblesse ou gagnant-perdant en faveur d'une relation dynamique.
Lorsque nous nous retrouvons dans une situation potentiellement conflictuelle, nous ne devrions surtout pas essayer de changer ou re-diriger nos adversaires. Nous devons respecter leur point de vue et même leur agression à notre égard. Cela leur permet de poursuivre leur vision/aspiration première même si celle-ci se trouve en contradiction avec la nôtre. Si quelqu'un nous attaque nous pouvons utiliser la rencontre comme une opportunité d'examiner notre propre attachement égotiste à la victoire. Et tout au long il est important de rester en étroite proximité avec notre opposant et en prise.
La décision de se rétracter ou “perdre du terrain” à ce point nécessite une compréhension du continuum du timing et de l'intention générale qui est de gagner en compréhension - non de vaincre. Décider que nous n'avons pas besoin de gagner nous donne aussi bien de l'espace que des options qui nous seraient autrement restées inaccessibles. C'est le premier pas dans l'amélioration de notre timing, pour que le conflit puisse à terme être évité ou même transformé.
L'important est de continuer à travailler la situation en vue de l'extrémité paix du continuum. À travers le processus d'engagement, nous devons nous déplacer du C Timing au B et, si nous le pouvons, au A Timing. En présumant qu'une interaction implique plusieurs commentaires ou rencontres, nous devons améliorer notre timing aussi rapidement que possible.
Lorsque notre opposant est en mouvement mais n'en a pas encore de nouveau après nous, nous devons essayer de l'engager au point B. Plutôt que de nous jeter l'un sur l'autre, nous commençons à nous mouvoir l'un autour de l'autre. Si nous réussissons, nous pouvons éviter un clash, bien qu'il puisse toujours y avoir une différence d'opinion. Dans les arts martiaux, nous modifions naturellement notre position pour faire face à la même direction que notre adversaire - et regarder le monde suivant leur perspective. Nous pouvons commencer à étudier leur vision du monde.
Dans la vie de tous les jours, cela peut prendre la forme de s'extraire d'une dispute pour poser des questions, voir si nous comprenons les déclarations de nos adversaires et essayer de sonder au-delà de leur position affichée vers un sens émergeant de leurs véritables besoins. Nous devons nous investir dans l'étude et l'écoute de nos vis-à-vis par nos corps et par nos esprits. Nous devons aussi rester flexibles et ne pas nous en tenir à notre agenda.
L'actualisation de la Paix doit se produire au Point A - saisissant notre adversaire avant qu'il soit en mouvement, ce qui dans un mouvement physique ressemble plus à de la danse qu'à des arts martiaux. Sans intention de changer la trajectoire de notre adversaire, nous écoutons avec nos oreilles ou tout notre corps avec amour et acceptation. La dynamique peut commencer à changer lorsque nous voyons quelque chose de valable en quelqu'un qui nous vole, au sens propre comme au figuré, à la figure.
La rencontre décrite ci-dessus pourrait prendre place en deux minutes ou se dérouler sur des heures, jours, semaines ou mois. La dynamique essentielle est la même.
Comme pour beaucoup de choses dans la vie, le changement essentiel doit se produire en nous. Il est facile de décrire l'idéal et très, très difficile de le mettre en pratique dans la vie réelle. Cela signifie abandonner des idées chères que nous entretenons sur nous-mêmes et sur comment le monde fonctionne, ainsi que pas mal d'inconfort.
Pour la vaste majorité d'entre nous, cela prendra une vie entière de pratique si nous décidons de l'appliquer à ce type d'œuvre pour la paix.
À terme, agir au Point A requiert que nous pratiquions d'œuvrer pour la paix pro-activement (sans adversaire). Cela signifie méditer pour nous préparer à ce que nous allons rencontrer pendant la journée, et accroître nos chances de nous engager plutôt que d'entrer en collision. Cela signifie abandonner certains de nos plans à courte vue, et dévouer du temps à être authentiquement curieux de ceux qui actionnent nos points sensibles. Cela signifie établir une intention claire d'amour et de compassion particulièrement dans nos moments les plus sombres.
Les arts martiaux sont utiles parce qu'ils offrent un exemple clair et tangible. Si l'on devient trop attaché a une vue (c.a.d. posture ou stratégie) la rencontre régresse très rapidement. D'un autre côté, une approche réussie conduit à un échange riche et éclairant. Dans la vie de tous les jours ce n'est pas si évident. Il est aisé de faire usage du C Timing pour nous confronter aux autres avec des conséquences (généralement) mineures, nous permettant de vivre sans avoir conscience des conflits que nous engendrons.
Le conflit peut être une opportunité de croître et amener nos relations au plus près du A timing et de la paix. Toutes les rencontres dans nos vies et sur la scène du monde sont dirigées par la conscience et l'intention plus profonde que nous apportons - et qui peuvent être les fondements de la paix. Le seul ingrédient manquant est notre engagement à nous mettre en chemin.
À bien y penser, le timing est aussi critique pour les relations internationales. Sur la scène mondiale, les réponses arrivent le plus souvent post-conflit - au point C ou plus tard. Combien de fois avons-nous entendu parler de violence éclatant quelque part dans le monde, et nous sommes-nous demandés pourquoi cela n'aurait pas pu être arrêté plus tôt ? Une réponse tardive s'accompagne inévitablement d'une violente contre-attaque et exacerbe souvent le problème originel.
Si nous essayons de prendre le contrôle ou de nous opposer dans une rencontre d'arts martiaux, nous nous retrouvons immédiatement séparés de notre adversaire et perdons la capacité de communiquer. La relation se dévide et nous finissons par “perdre”. Nous pouvons nous opposer à nouveau dans une tentative de rétablir la communication, mais cela incite l'autre personne à pousser plus fort pour se protéger.
Lorsque nous sommes en butte à un conflit, notre premier travail consiste à lâcher du lest afin d'éviter une issue catastrophique et dangereuse. Cela peut ressembler à se “débiner” ou se “coucher”, mais en réalité c'est une forme plus active d'engagement. En nous relâchant et en n'essayant pas de repousser, nous maintenons en réalité une meilleur connexion avec notre adversaire - et non un “contrôle” comme il est communément entendu. Nous nous employons simplement à rester en contact et coopératifs.
À terme, cela demande d'abandonner les dichotomies force-faiblesse ou gagnant-perdant en faveur d'une relation dynamique.
Lorsque nous nous retrouvons dans une situation potentiellement conflictuelle, nous ne devrions surtout pas essayer de changer ou re-diriger nos adversaires. Nous devons respecter leur point de vue et même leur agression à notre égard. Cela leur permet de poursuivre leur vision/aspiration première même si celle-ci se trouve en contradiction avec la nôtre. Si quelqu'un nous attaque nous pouvons utiliser la rencontre comme une opportunité d'examiner notre propre attachement égotiste à la victoire. Et tout au long il est important de rester en étroite proximité avec notre opposant et en prise.
La décision de se rétracter ou “perdre du terrain” à ce point nécessite une compréhension du continuum du timing et de l'intention générale qui est de gagner en compréhension - non de vaincre. Décider que nous n'avons pas besoin de gagner nous donne aussi bien de l'espace que des options qui nous seraient autrement restées inaccessibles. C'est le premier pas dans l'amélioration de notre timing, pour que le conflit puisse à terme être évité ou même transformé.
conflit ➜ auto-défense ➜ prévention ➜ transformation ➜ pacification ➜ paix |
L'important est de continuer à travailler la situation en vue de l'extrémité paix du continuum. À travers le processus d'engagement, nous devons nous déplacer du C Timing au B et, si nous le pouvons, au A Timing. En présumant qu'une interaction implique plusieurs commentaires ou rencontres, nous devons améliorer notre timing aussi rapidement que possible.
Lorsque notre opposant est en mouvement mais n'en a pas encore de nouveau après nous, nous devons essayer de l'engager au point B. Plutôt que de nous jeter l'un sur l'autre, nous commençons à nous mouvoir l'un autour de l'autre. Si nous réussissons, nous pouvons éviter un clash, bien qu'il puisse toujours y avoir une différence d'opinion. Dans les arts martiaux, nous modifions naturellement notre position pour faire face à la même direction que notre adversaire - et regarder le monde suivant leur perspective. Nous pouvons commencer à étudier leur vision du monde.
Dans la vie de tous les jours, cela peut prendre la forme de s'extraire d'une dispute pour poser des questions, voir si nous comprenons les déclarations de nos adversaires et essayer de sonder au-delà de leur position affichée vers un sens émergeant de leurs véritables besoins. Nous devons nous investir dans l'étude et l'écoute de nos vis-à-vis par nos corps et par nos esprits. Nous devons aussi rester flexibles et ne pas nous en tenir à notre agenda.
L'actualisation de la Paix doit se produire au Point A - saisissant notre adversaire avant qu'il soit en mouvement, ce qui dans un mouvement physique ressemble plus à de la danse qu'à des arts martiaux. Sans intention de changer la trajectoire de notre adversaire, nous écoutons avec nos oreilles ou tout notre corps avec amour et acceptation. La dynamique peut commencer à changer lorsque nous voyons quelque chose de valable en quelqu'un qui nous vole, au sens propre comme au figuré, à la figure.
La rencontre décrite ci-dessus pourrait prendre place en deux minutes ou se dérouler sur des heures, jours, semaines ou mois. La dynamique essentielle est la même.
Comme pour beaucoup de choses dans la vie, le changement essentiel doit se produire en nous. Il est facile de décrire l'idéal et très, très difficile de le mettre en pratique dans la vie réelle. Cela signifie abandonner des idées chères que nous entretenons sur nous-mêmes et sur comment le monde fonctionne, ainsi que pas mal d'inconfort.
Pour la vaste majorité d'entre nous, cela prendra une vie entière de pratique si nous décidons de l'appliquer à ce type d'œuvre pour la paix.
À terme, agir au Point A requiert que nous pratiquions d'œuvrer pour la paix pro-activement (sans adversaire). Cela signifie méditer pour nous préparer à ce que nous allons rencontrer pendant la journée, et accroître nos chances de nous engager plutôt que d'entrer en collision. Cela signifie abandonner certains de nos plans à courte vue, et dévouer du temps à être authentiquement curieux de ceux qui actionnent nos points sensibles. Cela signifie établir une intention claire d'amour et de compassion particulièrement dans nos moments les plus sombres.
Les arts martiaux sont utiles parce qu'ils offrent un exemple clair et tangible. Si l'on devient trop attaché a une vue (c.a.d. posture ou stratégie) la rencontre régresse très rapidement. D'un autre côté, une approche réussie conduit à un échange riche et éclairant. Dans la vie de tous les jours ce n'est pas si évident. Il est aisé de faire usage du C Timing pour nous confronter aux autres avec des conséquences (généralement) mineures, nous permettant de vivre sans avoir conscience des conflits que nous engendrons.
Le conflit peut être une opportunité de croître et amener nos relations au plus près du A timing et de la paix. Toutes les rencontres dans nos vies et sur la scène du monde sont dirigées par la conscience et l'intention plus profonde que nous apportons - et qui peuvent être les fondements de la paix. Le seul ingrédient manquant est notre engagement à nous mettre en chemin.
* Les racines philosophiques des arts martiaux reposent sur la capacité de vivre à la frontière entre la vie et la mort, ce qui place l'accent sur sa propre conscience (“soi”) plutôt que sur le conflit (avec l'“autre”). Notre propos est non de conquérir, vaincre ou surmonter un adversaire agressif mais plutôt d'engager, étudier, et devenir conscient de sa vision du monde. Notre but ultime est de grandir, apprendre et développer des relations plus profondes - peut-être une définition de “paix”.
Copyright 2010 H. F. Ito, Tomi Nagai-Rothe et Lee Seaman - avec remerciements à Elli Nagai-Rothe. SVP Ne pas reproduire sans permission des auteurs.
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